Présentation
La spécificité des interventions que nous allons décrire est qu’elles ne doivent, en dehors de la rhinoplastie, n’engendrer aucune modification de LA FONCTION de l’organe opéré.
Ainsi, une intervention pour les oreilles décollées ne devra en aucune manière modifier la fonction auditive.
Dans cette optique nous développerons CINQ interventions majeures (de par leur fréquence de réalisation dans le service) de la chirurgie esthétique du visage :
- Oreilles décollées (Otoplastie)
- Chirurgie des paupières (Blépharoplastie)
- Injection de graisse (Lipostructure)
- Chirurgie du nez (Rhinoplastie)
- Lifting
Oreilles décollées (otoplastie)
Intervention fréquente et dénommée sous le vocable médical “otoplastie”, elle consiste à rétablir une anatomie “normale” de l’oreille externe (pavillon).
Nous n’entrerons pas dans les détails techniques d’angulation “normale” de l’oreille par rapport au crâne, mais à l’évidence une oreille peut paraître décollée pour un patient et pas du tout pour un autre.
Pour autant il existe de véritables décollements s’écartant de la norme.
Pourquoi ?
L’oreille externe est constituée essentiellement de PEAU et de CARTILAGE qui est seul responsable de l’aspect décollé puisque la peau épouse ses contours sans jamais influencer sa structure (hormis cas particulier tels que les brûlures, les traumatismes et certaines maladies).
De façon schématique DEUX particularités anatomiques du cartilage peuvent engendrer une oreille décollée :
- L’excès de conque
- Le manque de plicature
1- L’excès de conque
Le cartilage constituant la conque est trop développé par rapport au reste de l’oreille. Ne pouvant se développer vers le crâne, il repousse l’oreille vers l’extérieur
- La flèche indique le cartilage de la conque
2- Le manque de plicature
Il concerne une structure individualisée du cartilage de l’oreille : l’anthélix. Ce dernier peut présenter une courbure pas assez prononcée et engendrer un décollement de la partie la plus périphérique de l’oreille.
- L’anthélix est hachuré en blanc
De façon générale il est assez rare que seule une de ces deux particularités anatomiques soit responsable à elle seule de l’aspect décollé. Le plus souvent il s’agit d’une origine mixte dont les proportions sont variables et dont votre chirurgien fera le diagnostic et y apportera les solutions chirurgicales adéquates.
En effet, seul un traitement chirurgical peut de résoudre le problème
En quoi consiste l’intervention ?
Elle consiste après ouverture de la peau derrière l’oreille (au niveau de la zone dite “rétro auriculaire”) puis à rétablir, par des moyens de fixation et d’affaiblissement du cartilage, une anatomie aussi proche que possible de la normale.
Votre chirurgien utilisera des fils non résorbables ainsi que des râpes qui modèleront et affaibliront le cartilage afin de lui redonner un aspect dont vous aurez convenu avec lui.
L’incision cutanée est refermée par des fils résorbables ou non.
- Exemple d’incision (visible en blanc), il en existe beaucoup d’autres.
En pratique
L’intervention :
- Se déroule sous Anesthésie Locale ou sous Anesthésie Générale selon les désirs du patient et l’éventuelle difficulté technique.
- Dure environ 30 à 40 minutes par oreille
- Peut être effectuée à partir de 7 à 8 ans jusqu’à l’âge adulte en évitant généralement la période pubertaire ( pour des raisons de cicatrisation)
Les soins post opératoires :
- La sortie de l’hôpital est habituelle au lendemain de l’intervention si aucune complication précoce ne s’est produite ( hémorragie ) voire le jour même si Anesthésie Locale
- Un bandage est maintenu pendant 4 à 5 jours selon le chirurgien, puis retiré le jour de la consultation pour n’être ensuite prescrit que pour la nuit et pour une durée d’environ 3 semaines.
Les fils de suture de l’incision cutanée sont retirés entre le 7ème et le 10ème jour post opératoire si ce sont des fils non résorbables. Dans l’intervalle, des soins sont effectués par une infirmière.
Les sports de contact sont à proscrire pendant 45 jours
La récidive n’existe pas en dehors des lâchages des sutures du cartilage (sous la peau) occasionnés soit spontanément ou suite à un choc violent
Sachez que :
- L’intervention est prise en charge par la SECURITE SOCIALE pour les ENFANTS et avec accord préalable pour les adultes.
- Complications potentielles : Hématome post-opératoire – infection –lâchage de suture – cicatrice disgracieuse
Chirurgie des paupières (blépharoplastie)
Ce chapitre traite du vieillissement cutané des paupières dont la correction chirurgicale est désignée sous le terme médical de “blépharoplastie”.
L’âge avançant, la tonicité cutanée (son élasticité) va en diminuant avec pour conséquences l’apparition :
- De véritables poches (notamment de la paupière inférieure) résultant du glissement vers l’avant (protrusion) de la graisse entourant l’œil, vers l’extérieur
- D’un plissement cutané disgracieux gênant parfois la vision.
L’intervention chirurgicale (ou blépharoplastie) aura pour but de corriger ces DEUX phénomènes en :
- Retirant l’EXCÈS DE PEAU
- Retirant l’EXCÈS DE GRAISSE
Précisons que ces deux phénomènes ne vont pas toujours de pair. Votre chirurgien, lors de l’examen clinique, cherchera à déterminer avec précision l’origine de la modification de la paupière et choisira l’opération chirurgicale adaptée. Un examen ophtalmologique vous sera toujours prescrit afin de déceler d’éventuelles contre-indications à cette chirurgie.
En quoi consiste l’intervention de blépharoplastie ?
L’excès de peau :
Il sera enlevé par une incision au niveau du bord inférieur des cils, pour la paupière inférieure, et par une incision enlevant une bande de peau à environ 1 cm des cils pour la paupière supérieure. Le réglage de la quantité de peau à enlever peut aussi bien s’effectuer sous anesthésie générale que sous anesthésie locale
Les cicatrices post opératoires sont très peu visibles à partir de la 3ème semaine car cachées dans les plis de la paupière.
Exemple de projection des cicatrices (Variables selon les techniques chirurgicales)
L’excès de graisse :
Il sera retiré :
- soit par l’incision effectuée pour retirer l’excès de peau
- soit, s’il est isolé, par une éventuelle incision sur le versant non visible de la paupière (au contact de l’œil) ne laissant ainsi aucune cicatrice sur la peau.
En pratique
L’intervention de blépharoplastie :
- Se déroule soit sous Anesthésie Générale soit sous Anesthésie Locale
- Durée : environ 1 heure pour les deux paupières
Les soins post opératoires :
- Application de compresses glacées pendant 24 à 48 heures
- Sortie envisageable le jour même voire le lendemain de l’intervention
- Ablation des fils à J+5 jours post opératoire
À savoir
- Prise en charge par la Sécurité Sociale : NON
- Pas de prescription d’arrêt de travail
- Complications potentielles : Hémorragie – Infection – Ectropion (rétraction vers le bas de la paupière inférieure) – Cicatrice disgracieuse
Injection de graisse (lipostructure)
L’application pratique d’injection de graisse prélevée sur le patient (autologue), est essentiellement dévolue à la chirurgie réparatrice et esthétique pure.
Au niveau facial, et dans le cadre de la chirurgie esthétique, elle répond :
- soit à un besoin de comblement de zone en dépression provoquée par le vieillissement, une malformation congénitale ou des traitements médicamenteux
- Soit à un besoin d’augmentation de projection et de volume dans un territoire anatomique défini tel que la lèvre ou la pommette par exemple.
En quoi consiste l’intervention ?
L’intervention chirurgicale, réalisée selon la technique du Dr COLEMAN (USA), consiste à prélever, par lipoaspiration manuelle, une quantité jugée nécessaire de graisse soit au niveau abdominal soit au niveau des cuisses ou même encore du thorax. Cette graisse est ensuite centrifugée afin de recueillir de façon majoritaire les cellules constitutives du tissu adipeux.
La réinjection est alors assurée au moyen de seringues au niveau des sites pré établis, à l’aide d’incisions millimétriques.
Quelles sont les limites de la technique ?
Bien que présentant d’énormes avantages en terme d’innocuité du matériau de comblement, cette technique possède néanmoins des limites en terme :
- De résorption de la graisse injectée qui peut aller jusqu’à 100 %
- De capacité du volume à injecter qui ne permet pas d’énormes comblements
- De zone à traiter qui doit contenir une quantité suffisante de tissu musculaire apte à assurer la survie des cellules adipeuses.
En dehors de ces limites cette technique offre, outre les avantages précédemment décrits, la possibilité d’être réalisée de manière répétée jusqu’à l’obtention du résultat souhaité.
En pratique
L’intervention :
- Se déroule soit sous Anesthésie Générale soit sous Anesthésie Locale
- Durée minimale : 1 heure
Les soins post opératoires :
- Sortie envisageable au lendemain de l’intervention
- Consignes d’immobilisation relative du site injecté pendant 48 heures (ex : éviter de rire)
- Ablation des fils de sutures à j+5 à j+7 post opératoire au niveau de la face, et à j+10 au niveau de la zone de prélèvement.
À savoir
- Prise en charge par la Sécurité Sociale : NON sauf chirurgie réparatrice
- Pas de prescription d’arrêt de travail dans le cadre de l’esthétique
- Complications : Infection – Hématome
chirurgie du nez (rhinoplastie)
La chirurgie esthétique et réparatrice du nez se distingue des autres interventions décrites dans ce chapitre par le simple fait que la modification du nez peut être rendue nécessaire par un trouble fonctionnel (en l’occurrence la ventilation nasale) et pas seulement pour des considérations esthétiques pures.
En cela, son approche diagnostic et thérapeutique diffère des autres interventions de chirurgie esthétique. Votre chirurgien aura donc toujours à l’esprit les éventuelles conséquences fonctionnelles du geste chirurgical.
Le nez est constituée par l’assemblage de structures osseuses (constituant le nez dit “dur”), et cartilagineuses (constituant le nez dit “mou”), le tout recouvert par le tissu cutané et muqueux. La rhinoplastie aura donc pour objectif de modifier ces structures afin d’en améliorer soit l’esthétique soit la fonction et éventuellement les deux.
La consultation pré opératoire
Temps fort et indispensable à la planification du geste chirurgical, elle aura pour but de comprendre les motivations du patient et d’en déceler les raisons profondes.
Elle permet en outre :
- de diagnostiquer les raisons anatomiques d’une éventuelle malformation
- d’examiner la fonction ventilatoire (qualité du passage de l’air par le nez).
- De procéder à la constitution d’un dossier photographique et éventuellement de proposer une consultation psychologique dans un souci de décision opératoire éclairée
- De prescrire d’éventuels examens complémentaires (Scanner…)
Au terme de cette consultation, la technique chirurgicale est décidée ainsi que les gestes osseux et cartilagineux de remodelage à effectuer.
Les raisons de la malformation
Très variées, chaque cas étant différent, elles procèdent généralement, dans le cadre de la restauration après traumatisme, d’une mauvaise position des os du nez ou d’une luxation de la cloison nasale (septum inter nasal) qui modifie la rectitude de la pyramide nasale.
L’intervention visera donc, dans ce cas précis, à repositionner les os du nez et la cloison en rectitude (droite).En ce qui concerne la chirurgie esthétique pure (sans traumatisme préalable), il existe autant de raisons anatomiques cartilagineuses ou osseuses que de nez différents. Le geste chirurgical sera donc guidé par les souhaits du patient et les possibilités techniques qui s’offrent au chirurgien.
En quoi consiste l’intervention ?
Elle consiste à inciser le versant muqueux, donc NON VISIBLE, de la narine et ce de façon uni ou bilatérale afin de disséquer les structures anatomiques du nez et de pouvoir y glisser des instruments permettant :
- Soit d’enlever une bosse disgracieuse ou au contraire d’y placer un greffon redonnant du volume (détails voir plus loin)
- Soit de sectionner les os du nez pour les repositionner
- Soit de remodeler les cartilages du nez ou de la cloison
Une incision cutanée (extérieur) peut cependant être rendue nécessaire dans des cas bien précis, et notamment dans le cadre des malformations complexes ou de reprise chirurgicale d’un nez préalablement opéré. Il s’agit alors d’une incision très peu visible car située au niveau de la columelle (Cf. photo ci-dessous)
L’éventualité de mise en place de greffons, soit osseux soit cartilagineux, peut être rendue nécessaire par la malformation. Ces derniers peuvent être prélevés soit au niveau du nez lui-même ou bien de l’oreille, d’une côte, de la hanche ou du crâne (liste non exhaustive).
Les modalités du prélèvement ainsi que les raisons rendant nécessaire sa confection vous serons précisées lors de la consultation.
Quand opérer ?
En ce qui concerne la chirurgie réparatrice après traumatisme, un délai minimum de 4 à 6 mois après celui-ci est nécessaire avant toute intervention correctrice ceci afin de procéder au à l’intervention chirurgicale sur un terrain non inflammatoire et totalement cicatrisé.
Ce délai n’existe évidemment pas dans le cadre des rhinoplasties esthétiques pures qui peuvent être entreprises dès la fin de la puberté.
En pratique
L’intervention :
- Se déroule sous anesthésie générale
- Dure environ 1 heure 30 minutes voire plus longtemps dans le cadre de rhinoplasties “complexe”.
Soins Post opératoires :
- Maintien de mèches dans les narines au minimum 48 heures associé à un traitement antibiotique.
- Plâtre posé à la fin de l’intervention et maintenu 7 jours, jour et nuit, puis 3 semaines la nuit uniquement.
- Sensation de “nez bouché” pendant 3 semaines du au gonflement.
- Fils résorbables (sauf incision cutanée et cas particuliers) ne nécessitant donc pas d’ablation
- Sport de contact proscrit pendant 3 mois
- Eviter le port de lunettes pendant 3 semaines
- Contrôle clinique par votre chirurgien 2 ou 3 mois après l’intervention.
À savoir
Prise en charge par la Sécurité Sociale :
- si rhinoplastie post traumatique (réparatrice) : OUI
- si rhinoplastie esthétique : NON (sauf cas particuliers)
- Arrêt de travail : si rhinoplastie esthétique : NON
- Complications potentielles (liste non exhaustive) : Hémorragie – Infection
Une évaluation clinique par votre chirurgien sera effectuée une semaine après l’intervention (après ablation du plâtre) puis quelques mois plus tard pour vérifier la stabilité du résultat obtenu ou pour programmer les retouches éventuelles.
Lifting
Intervention “phare” de la chirurgie esthétique, le lifting ou plutôt devrait-on dire LES liftings consistent, par des décollements cutanés et/ou musculaires, à redonner une tension harmonieuse et topographiquement ciblée aux différentes zones anatomiques du visage.
Ainsi pourra-t-on définir le lifting cervico-facial agissant principalement sur les deux tiers inférieurs de la face ainsi que le cou, ou encore le lifting frontal agissant quant à lui sur le tiers supérieur.
Malgré sa très grande popularité et sa relative banalisation, la réalisation de l’acte chirurgical n’est pas dénuée de risques et doit être l’aboutissement d’une concertation étroite entre le patient et son chirurgien.
La consultation pré opératoire
Elle permet de constituer le dossier médical et de recueillir les attentes du patient. Ces dernières sont consignées par écrit et acceptées, modifiées ou révisées selon l’examen clinique et les possibilités techniques qui s’offrent au chirurgien.
L’examen médical : Il permet de cerner les raisons anatomiques du vieillissement cutané et d’en rechercher les principales origines sur lesquelles l’acte chirurgical devra porter. Il détermine ensuite la nécessité ou non de procéder à des corrections supplémentaires (telles que la blépharoplastie, et/ou la liposuccion par exemple) qui seront effectuées dans le même temps opératoire.
Il recherche les contre indications à la réalisation de l’acte qui sont principalement (liste non exhaustive) :
- Le tabagisme non sevré
- Les atteintes micro vasculaires (telles que celles du diabète par exemple)
- Les antécédents de radiothérapie faciale
Il proposera une consultation psychologique afin de procéder à l’acte dans un contexte éclairé.
Le dossier photographique : Indispensable à la constitution du dossier médical, il est réalisé soit à la consultation elle-même, soit par un photographe.
Le bilan pré-opératoire : Commun à toute les interventions sous anesthésie générale, il se compose d’un examen médical effectué par un médecin anesthésiste du Service auquel sont associés, dans des proportions variables, des examens dits “para-cliniques” :
- Prise de sang
- Electrocardiogramme
- Radiographies
- Autres si nécessaire
En quoi consiste l’intervention ?
Dans le principe, elle consiste à redonner une tension cutanée et/ou musculaire aux zones du visage l’ayant perdue.Pour ce faire, il est nécessaire dans le cadre du lifting CUTANE à enlever la peau en excès par un décollement de toute la zone à traiter.
L’incision permettant ce décollement se situe (en ce qui concerne le classique lifting cervico-facial) en avant de l’oreille, se poursuit en arrière de cette dernière pour enfin se perdre dans les cheveux. D’autres incisions existent mais restent plus anecdotiques.
Dans le cadre d’une amélioration de la tension MUSCULAIRE, un geste peut être effectué soit isolément, et être alors pratiqué notamment par endoscopie, soit entrer dans le même temps opératoire que le lifting cutané.L’intervention peut être renouvelée plusieurs fois.
Le risque opératoire inhérent à ce type de chirurgie, en dehors des classiques hématomes et infections, se résume dans la possible (mais exceptionnelle) atteinte des rameaux distaux du nerf FACIAL (VII nerfs crânien cf. chapitre Anatomie) avec pour conséquence une paralysie des muscles faciaux innervés par ces rameaux.
En pratique
L’intervention :
- Se déroule sous Anesthésie Générale ou sous Anesthésie Locale “améliorée” (Neuroleptanalgésie)
- Dure 2 à 3 heures pour le lifting cervico-facial seul.
Soins post-opératoires :
- Hospitalisation d’une durée de 24 heures si absence de complications
- Fils cutanés résorbables ou non selon le chirurgien
- Ecchymoses faciales visibles pendant 3 à 4 semaines
- Oedème de la face régressif dans le premier mois
Port éventuel d’un masque pendant les premiers jours pour éviter la constitution d’un hématome. Ce masque dit “Press lift” doit être fourni par le patient au moment de son hospitalisation pour être posé en post opératoire immédiat.
À savoir
- Prise en charge par la sécurité sociale : NON
- Arrêt de travail : NON
- Complications potentielles (liste non exhaustive) : Hématome – Infection – Atteinte du nerf facial – Insuffisance de résultat- Troubles de la sensibilité (oreille)
Ci-dessous : lifting avant-après