Le 05/08/2022
Recherche et innovation
Le projet mené conjointement en 2019 par l’Unité d’Epidémiologie des Données cliniques en Centre-Val de Loire (EpiDcliC) et le réseau ONCOCENTRE s’appuie sur l’étude des données de santé nationales de l’Assurance-Maladie SNDS, celles compilées via le Health Data Hub ainsi que sur les données cliniques du Dossier communicant de cancérologie (DCC) régional.
L’objectif : décrire les délais des parcours de soins des patients atteints d’un cancer du pancréas et définir l’impact de ces délais sur le pronostic.
Le projet en détails
L’incidence du cancer du pancréas augmente avec un pronostic toujours sombre. L’objectif principal était de décrire les parcours et délais de prise en charge des nouveaux patients diagnostiqués pour un cancer du pancréas en 2017 dans la région Centre Val de Loire, et secondaire d’analyser la valeur pronostique de ces paramètres.
Les données du dossier communicant de cancérologie (DCC) régional ont fait l’objet d’un appariement probabiliste avec le système national des données de santé (SNDS) pour identifier les délais médians de prise en charge. Les facteurs associés au délai d’accès à l’imagerie diagnostique (le scanner) et au premier traitement ainsi que ceux associé à la survie à 1 an ont été analysés pour les parcours des patients atteints d’un cancer du pancréas avancé ou ceux attents d’un cancer localisé traités par chirurgie à visée curative.
Les résultats
Ont été appariés et inclus 324 patients sur 367 du DCC (soit 88 %) : 54 % d’hommes, âge moyen 72 ans, 16 % de patients avaient eu une résection curative et 57 % des patients étaient décédés à un an.
La consultation initiale était réalisée dans 65 % des cas par un médecin généraliste, en médiane 24,5 jours avant l’imagerie (13 jours si résection versus 27 sinon) ; le diagnostic de certitude et le 1er traitement respectivement 11 et 20 jours après l’imagerie. Le délai de mise en traitement était significativement plus court en cas d’ictère inaugural (-30 jours) ou en cas d’altération de l’état général initiale du patient.
Le risque de décès était augmenté en cas d’altération de l’état général au diagnostic, d’absence de chirurgie à visée curative, de présence de métastase et de délai entre la consultation initiale et l’imagerie de diagnostic supérieur à 3 mois.
Conclusion
Les délais étaient resserrés autour de l’imagerie diagnostique qu’il y ait ou non résection tumorale à visée curative. Peu de facteurs organisationnels ont été identifiés comme étant associés à la survie des patients. Néanmoins il convient de raccourcir autant que possible le délai entre la consultation initiale et l’imagerie diagnostique. Une attention toute particulière doit également être portée aux signes cliniques inauguraux conduisant à la réalisation d’un imagerie conduisant au diagnostic de cancer du pancréas.
Les résultats de ce travail collaboratif ont permis de mieux connaître les éléments des parcours de prise en charge des patients atteints d’un cancer pancréas dans la région Centre-Val de Loire.
Une collaboration largement partagée Mené en 2019, ce travail commun a d’ores et déjà été présenté : Congrès national des réseaux de cancérologie – nov 2019 Congrès ESMO (congrès européen de cancérologie) – sept 2021 Poster au congrès de la Société française de santé publique – octobre 2021 Journée OncoCentre – décembre 2021 JFHOD (Journées francophones d’Hépatogastroentérologie et d’oncologie digestive) – mars 2022 |
EN BREF
Le cancer du pancréas est en train de devenir une des principales causes de mortalité par cancer. En effet, son incidence augmente dans les pays développés (en lien avec la prévalence plus élevée du tabagisme, de la consommation d’alcool, de la sédentarité, de l’obésité, de l’hypertension artérielle, et de l’hypercholestérolémie), alors même que son pronostic reste sombre. En effet, les symptômes inauguraux sont très peu spécifiques et peu détectables par les médecins de première ligne en soins primaires.