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Le 21/06/2024

Recherche et innovation

Le CHRU de Tours désigné Centre national de coordination des centres SLA et maladies du motoneurone

La dernière campagne nationale de labellisation des centres maladies rares a fait de Tours le centre national de coordination des centres SLA et autres maladies du motoneurone. Le centre de Tours était jusque-là l‘un des 7 centres de référence de la filière SLA FILSLAN. A l’occasion de la Journée mondiale de la SLA, le Professeur Philippe Corcia, responsable du Centre de référence nous explique quelles sont les forces de Tours. Membre du Collège d’experts de l’ARLSA (Association pour la recherche sur la SLA), il participera également au défi givré mis en oeuvre dans le cadre de la Journée mondiale.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la SLA ?

Professeur Philippe Corcia : La sclérose latérale amyotrophique ou maladie de Charcot est la maladie rare la plus fréquente : chaque jour en France 5 nouveaux cas sont diagnostiqués et plus de 6000 patients sont actuellement atteints par cette maladie.

Professeur CORCIA

La SLA est une maladie neurologique dégénérative qui entraîne une paralysie progressive par défaillance de la conduction de l’information motrice du cortex jusqu’aux muscles.

Si 90% des cas sont diagnostiqués sporadiques, il existe dans 10% une histoire familiale d’autres cas de SLA ou de démence fronto temporale. Depuis l’identification du premier facteur génétique en 1993 plus d’une trentaine de gènes ont été liés à cette pathologie.

Le diagnostic de SLA reste complexe en raison notamment de l’hétérogénéité des tableaux cliniques et aussi de l’absence de marqueurs diagnostiques qui explique un retard diagnostique de 9-12 mois en moyenne pour une pathologie dont la médiane de survie est de 36 mois depuis la constatation des premiers symptômes déficitaires moteurs.

Enfin, il faut souligner l’absence de traitement curatif. Apres plus de 30 ans seuls deux médicaments on une autorisation de mise sur le marché et un seul est accessible dans le cadre d’une autorisation temporaire d’utilisation.

Concrètement, quelle est la prise en charge au CHRU ?

Pr Corcia : Notre désignation comme centre coordonnateur des centres SLA et des maladies du motoneurone est une reconnaissance de l’expertise pluridisciplinaire de notre prise en charge.

Le centre SLA du CHRU prend en charge des patients atteints de SLA ou d’autres affections du motoneurone originaires de la région et des départements limitrophes.

En 2023, plus de 100 nouveaux diagnostics ont été portés et près de 280 patients ont été prise en charge par l’équipe pluridisciplinaire du centre ; cette équipe regroupe des neurologues, une équipe paramédicale, une diététicienne, une ergothérapeute, une psychologue et une assistante sociale. Les patients, qui viennent en Hôpital de Jour tous les 3 mois pour des évaluations multidisciplinaires, bénéficient également d’une évaluation pneumologique des expertises des services de radiologie interventionnelle ou de Gastro-Entérologie pour la pose de sonde de gastrostomie en cas de dénutrition et du soutien des équipes mobiles du CHRU et départementales des soins palliatifs et de l’unité de Soins Palliatifs.

Le centre SLA s’appuie également sur le Laboratoire de Biologie Moléculaire du CHRU pour des analyses génétiques systématiques à la recherche de facteurs génétiques responsables de la maladie. Cette activité est coordonnée au sein de la filière FILSLAN qui regroupe 3 laboratoires de Biologie Moléculaire qui appliquent des procédures standardisées.

Qu’en est-il de notre activité de recherche ?

Pr Corcia : C’est un point capital pour nous. L’activité scientifique menée au sein du Centre de Tours et de l’U1253 est l’une des plus dynamiques dans cette thématique en France mais aussi en Europe comme le soulignent les nombreux projets collaboratifs internationaux auxquels ces équipes sont associées.

Le Centre SLA de Tours développe notamment une activité de recherche réalisée dans l’U1253 Imaging Brain and Neuropsychiatry au sein de l’équipe Vulnérabilité Neuronale, dans laquelle deux axes sont particulièrement étudiés : l’identification de facteurs génétiques de susceptibilité et de biomarqueurs diagnostiques et pronostiques.

Cette implication dans la recherche des facteurs génétiques liés à la SLA conduit notamment notre centre à coordonner l’étude international Mine qui a pour objectif de décrypter le génome des patients atteints de SLA pour mieux comprendre les mécanismes responsables de la mort des neurones moteurs et de développer la thérapie génique (projectmine.com). La campagne de levée de fonds se poursuit et nous comptons sur l’aide de tous pour mener à terme ce projet ambitieux.

D’autres thèmes font également l’objet de projets scientifiques actuellement dont l’étude de la protéine TDP-43 qui est une protéine majeure des inclusions observées dans les neurones moteurs atteints par cette pathologie.

Enfin, la SLA à Tours bénéficie du support du CIC du CHRU qui permet au centre de participer à de très nombreux essais académiques et industriels qui cherchent à améliorer le traitement et le pronostic de cette maladie.

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Dans le cadre de la Journée mondiale, l’ARSLA lance les défis givrés et fête les 10 ans du Ice-bucket Challenge

L’ARSLA et les Invincibles – All united organisent, du 1er juin au 31 juillet, le Défi Givré pour célébrer les 10 ans du Ice Bucket Challenge. Cette opération a pour objectif de sensibiliser le grand public et de collecter 1 million d’euros pour la recherche sur la maladie de Charcot. Plusieurs personnalités du monde du sport, de la politique, du cinéma, des médias et de l’influence s’engagent à nos côtés pour faire revivre ce challenge et le rendre viral sur les réseaux sociaux.

COMMENT RELEVER LE DÉFI GIVRÉ SIMPLEMENT ?

  • Filmez-vous en vous versant un seau d’eau glacée sur la tête
  • Défiez 3 personnes de votre choix de faire pareil
  • Faites un don sur defigivre.org pour soutenir la recherche
  • Postez la vidéo sur vos réseaux sociaux avec les hashtags #défigivré et #icebucketchallenge, et mentionnez les comptes @arsla_et @les_invincibles_au

Pour aller plus loin

Avec environ 5 nouveaux patients diagnostiqués. tous les jours en France, la SLA touche préférentiellement les hommes vers 63 ans. Il existe une prédominance de cas masculins avec un sex ratio de 3 hommes/2 femmes.
La SLA est définie à partir de la région touchée initialement par l’atteinte neurologique : on décrit ainsi les formes bulbaires qui débutent par des troubles de l’élocution et les formes spinales qui débutent par un déficit moteur d’un membre. Il existe dans 10% des cas une histoire familiale de SLA : dans 90%, la SLA est dite sporadique, c’est-à-dire sans connaissance de cas similaires dans la famille. La SLA a un pronostic sombre : la durée moyenne de l’évolution est de 36 mois depuis l’apparition des premiers symptômes moteurs. Seulement 10% des patients auront une évolution qui dépasse 10 ans.

Les mécanismes responsables de la dégénérescence des neurones moteurs restent méconnus mais de nombreuses études plaident pour l’intervention de facteurs génétiques et environnementaux.

Les axes de recherche prédominant sont orientés sur la recherche de biomarqueurs diagnostiques et pronostiques et d’un traitement de la cause de cette dégénérescence : actuellement il existe un seul traitement dans cette affection, le riluzole dont l’effet reste modeste.

  • L’un des problèmes majeurs est lié au retard diagnostique évalué à près d’une année après l’apparition des premiers signes moteurs en raison, en partie, de l’absence de test diagnostique.
  • L’autre difficulté est celle liée à la prise en charge des patients car la SLA est une pathologie complexe et hétérogène pour laquelle il n’est pas possible de prédire l’évolution et la progression du déficit moteur.
  • Enfin, il n’y a pas à ce jour de traitement curatif de la SLA qui se limite pour tous les patients à la prise du riluzole.

Des pistes de recherche

Ces trois facteurs font l’objet de nombreux travaux de recherche qui ont permis au cours de ces dernières années d’obtenir des résultats très encourageants.

Tout d’abord, la recherche sur les biomarqueurs a permis d’identifier une protéine, la chaîne légère des neurofilaments (NFl), dont la concentration sanguine est augmentée dans la SLA mais aussi dans d’autres maladies neurologiques dégénératives. Si un taux augmenté ne permet de porter le diagnostic de SLA s’il est isolé, il devient une aide diagnostique devant des tableaux moteurs évocateurs. La valeur diagnostique des NFl doit encore être confirmée avant de l’utiliser en pratique courante. Il en est de même en ce qui concerne son intérêt comme valeur prédictive d’évolution.

Sur le plan thérapeutique, les avancées de la thérapie génique sont très encourageantes avec l’AMM obtenue il y a quelques semaines pour le Tofersen en cas de mutation du gène SOD1. D’autres gènes font l’objet d’essais cliniques.